Développer les compétences manuelles des enfants
L’école Edu² aux Affûtés
Makerspace, totem, barbe et fierté
Développer les compétences manuelles des enfants
Le projet des Affûtés a émergé comme une réponse pour toute une génération (les 25-45 ans) qui ne sait plus faire avec ses mains. Mais ce qui est vrai pour cette génération est encore plus vrai chez les enfants et adolescents d’aujourd’hui. Plus connectés que la génération précédente – et ainsi plus exposés à une vision idyllique de ce qu’ils pourraient être – beaucoup souffrent d’une mauvaise image d’eux-même, voire de problèmes d’anxiété lourde.
Or, dans les « remèdes » qui sont souvent évoqués pour accompagner cette nouvelle génération à se construire et prendre confiance en elle, revient souvent le contact avec les sens. Cela peut passer par la nature, le contact avec les animaux, et les activités manuelles.
Quand on voit comment réapprendre à utiliser ses mains diminuent l’impression d’être démunis et étend la confiance en soi des utilisateurs habituels des Affûtés (cette fameuse génération des 25-45 ans, mais aussi des plus âgés), on se doute que cela devrait aider aussi les plus jeunes.
On a aux Affûtés cette envie de travailler avec les plus jeunes depuis le début du projet. La chance a voulu que cela arrive vite, avec la rencontre cet été entre deux projets naissants: Edu², une école d’un genre nouveau, basée dans le Mile-End, et les Affûtés, qui venaient d’ouvrir.
Edu² veut mettre le « faire soi-même » (qu’il s’agisse de sujets intellectuels ou manuels) au cœur de sa pédagogie, et les enfants sont ainsi très impliqués dans l’aménagement de l’école, à travers des projets multi-disciplinaires qui lient les matières traditionnelles (maths, français) et des sujets atypiques (poterie, bois, sport).
Et on a donc eu l’occasion de vérifier bien vite l’impact du fabriquer soi-même sur ces jeunes, avec un premier projet mené ensemble en octobre: la fabrication d’un totem du sol au plafond, arborant une flèche par élève, qui indique sa ville d’origine et la distance à laquelle elle se trouve.
Chaque élève a dessiné et fabriqué lui-même sa flèche . Et pas question de leur éviter les vrais outils ! Pour les plus âgés (12-14 ans), scie sauteuse, et pour les plus jeunes (9-11 ans), pistolet à clous!
Et un groupe de 4 parmi les plus âgés est venu construire la base du totem pour les autres.
Quel résultat observe t’on?
Les élèves sont forts intimidés au début (probablement du fait du lieu, de ses outils mais aussi de la barbe de P.V, le chef d’atelier…). Certains réagissent par du silence, d’autres en faisant les fiers.
Mais lorsqu’il s’agit de prendre une scie sauteuse, épreuve impressionnante (et un peu initiatique), tous se calment et se concentrent pour bien faire.
Ils repartent fort calmes de l’atelier avec leur flèche. Mais on a appris, par l’équipe d’Edu², qu’ils et elles se promènent ensuite fiers comme tout, avec leur création, à l’école, et qu’ils passent plusieurs heures à la sabler patiemment, comme un trophée qu’ils ont (justement) mérité. L’équipe d’Edu² a dû même calmer les ardeurs de certains, qui en venaient à rabougrir leur flèche à force de la sabler!
L’objectif, à terme, au-delà des projets comme le totem, est de permettre que les jeunes osent utiliser l’atelier des Affûtés comme une extension naturelle de l’école. Qu’ils se sentent à l’aise dans un tel environnement (et par extension dans la myriade de lieux qui existent dans une ville) aussi bien que dans leur école quotidienne.
C’est d’ailleurs déjà en train de se produire. Un des élèves, juste après le projet du totem, nous a écrit pour estimer lui-même le coût et le temps pour créer une grande jardinière, puis est venu seul la créer, avec le soutien du chef d’atelier des Affûtés.
On a hâte de voir la suite des projets que ces jeunes vont amener!
Liens utiles
- Edu²
- Article NYT sur la gestion de l’anxiété des jeunes
